L'Air pur de Bastia sent pourtant le Guide

Admin Messages : 28 Date d'inscription : 11/11/2009 Age : 29

[Premier post pour Dream, s'il vous plaît =)]

Je volais au dessus des montagnes boisées. Le vent me portait, soutenait délicieusement mes ailes en les caressant. Et me porta soudainement le parfum doux et frais de la justice et la paix des Guides.

Je venais de découvrir le siège des Guides. Je n'y aurais jamais cru. Sans mes sens surdéveloppés de Métamorphe, je ne l'aurais jamais su. Je descendis dans le Jardin, que je délimitai grâce aux murs blancs qui l'entouraient. J'apercevais un labyrinthe, une terrasse... Je préférai descendre dans ce qui me sembla être une forêt. L'air sentait bon la méditerranée : la résine des pins, le miel, les herbes de Provence... la mer. Et cette honnêteté tant agréable et astringente à la fois.

Je me posai dans un arbre et repris forme humaine. Nue comme un vers. [certains se seront souvenus de la phrase de Pierre Bottero dans Ewilan, lorsque Salim... ben... fait la même chose que Kaede =D] Malheureusement, j'avais oublié de prendre soin d'emporter des vêtements que j'aurais porté entre mes serres. C'était sûrement le seul point faible des Métamorphes. Et dommage pour la jolie chemise orange que je portais le matin même.

Je décidai de redevenir un aigle et descendit du pin où j'étais perchée. Ainsi, c'était cela, le QG des Guides. C'était assez plaisant, comme endroit. Certes plus ensoleillé que ma propre maison, à Brest. Leur point commun était la proximité de la mer, et avec elle je me sentais en sécurité. Même si la mienne était l'océan Atlantique, et la leur la mer Méditerranée. L'odeur du sel est l'odeur du sel. Les nuances ne sont que leurs cartes d'identité. Je pensai qu'un jour, il faudrait que j'entreprenne un voyage, sous ma forme de rapace, au dessus des mers et océans du monde : le sel.

Je perçus l'approche de quelqu'un. Un Guide. J'espérai fugitivement qu'il —ou elle— aurait prévu mon arrivée et mon mode vestimentaire, et m'apporterait un peignoir ou quelque chose de ce genre. Je décidai pour le moment de rester un aigle. Je fus prise d'impatience à l'idée de rencontrer enfin un Guide, dont je connaissais d'instinct le parfum. À quoi ressemble la suavité ?

Le vent caressait ma robe de soie blanche, reflétant le soleil chaud de l’après-midi. Un gilet en laine posé sur mes épaules virevoltait aux caprices de la brise. Mes cheveux, coiffés en cette matinée par un chignon étaient lâchés et brillaient comme des diamants. Ma peau si blanche était livide, presque translucide preuve de mon état de santé. Mes yeux d’un bleu cristal restaient voilés et maladifs malgré moi. Où m’avaient mené mes pas ? Il faisait chaud…Une douce chaleur transporté par les tourments et les vents marins…Une odeur de pins et d’épices…Avec une touche d’humidité…Cette humidité qui m’atteignit aux poumons, m’arrachant une quinte de toux et me réveillant.

Mon état s’était légèrement amélioré, je m’accordais une petite promenade seule, ou plutôt, j’allais rencontrer quelqu’un…Vous ne comprenez pas, n’est-ce pas ? Le pouvoir des Guides est si étrange et introuvable…J’allais rencontrer une personne des plus étranges, une Métamorphe…Chef de cette Famille aux pouvoirs si étranges. J’avais sous le bras des vêtements, un pull orange et un jean…Ce que j’avais trouvé de moins chaud et de plus banal dans ma garde robe…Lorsque le vent se fut arrêté, ainsi que ma quinte de toux, je me suis approchée sans essayer de me cacher pour ne pas me faire passer pour ce que je ne suis pas aux yeux de cette jeune femme. Un oiseau, des plus beaux, un rapace…Je me tenais à une distance respectable, un sourire fugace éclaira mes lèvres alors que ma voix d’une douceur presque crémeuse résonna dans l’air, paraissant un murmure à cause du bruit des animaux de la forêt alentour.

-Vous pouvez approcher mademoiselle Kaede, à ce que je sache, je ne mords point, vous pouvez reprendre votre forme humaine, il est inutile de se cacher, je ne ferai pas de mal à une mouche…

Le rapace resta immobile, la jeune femme ne reprenant pas forme humaine, j’ai laissé passer une pensée en tapant légèrement ma tempe et dit d’une voix étonnée :

-Suis-je bête, j’avais oublié votre état actuel. Je crois que j’ai la solution à votre problème mademoiselle Kaede. Heureusement que j’ai eu l’importune idée de prendre ces quelques vêtements…

Ceux-ci d’ailleurs se posèrent sur un banc en pierre, en évidence. Mes yeux bleus, presque de glace se plantèrent dans ceux de l’oiseau, attendant une réponse, un geste…

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La silhouette diaphane apparut à ma vue. Mmh, ce n'était pas tout à fait ainsi que je me l'étais représentée. Elle semblait si... fragile ? Toute claire, sa peau, ses cheveux, son regard transperçant... Pouvait-elle vraiment diriger les Guides ? Certes, les Guides n'avaient pas vraiment de chef, mais... elle... Toute en douceur, en finesse, maladive. Comment savais-je son grade ? L'instinct, sans doute... Une personne comme elle ne pouvait être qu'extraordinaire.

Le premier Guide que je rencontrais. Je ne m'étais sûrement pas attendue à cela. Et bien qu'ayant souvent entendu parler de leurs dons, je fus surprise qu'elle connût mon nom.

— Vous pouvez approcher, mademoiselle Kaede, à ce que je sache, je ne mords point, vous pouvez reprendre votre forme humaine, il est inutile de se cacher, je ne ferai pas de mal à une mouche…

Hum, certes, mais...

— Suis-je bête, j’avais oublié votre état actuel. Je crois que j’ai la solution à votre problème mademoiselle Kaede. Heureusement que j’ai eu l’importune idée de prendre ces quelques vêtements…

Je regardai dans la direction que pointait son doigt : je ne savais pas comment elle avait fait pour les apporter là sans que je l'aie sentie, mais une pile bien pliée était posée sur un banc de marbre blanc. Je lui adressai un regard reconnaissant ; du moins, j'essayai de rendre mon regard de rapace reconnaissant. J'hésitai un peu, espérant qu'elle se retournerait, mais voyant qu'elle ne le faisait pas je me dis qu'après tout, nous avions un corps semblable. Je m'approchai du banc et repris forme humaine en lui tournant le dos. Irrespectueux, peut-être, mais ma pudicité l'emportait sur ma capacité à respecter. Je découvris avec plaisir que les vêtements consistaient en un ensemble de kimono ; blanc, tout l'était chez elle, apparemment. Je les enfilai en admirant avec délices les motifs brodés au fil d'argent de fleurs stylisées. Je serrai le nœud du obi à ma taille et me retournai vers elle. Ah, elle avait oublié des chaussures... mais il était impossible de lui en vouloir après ce qu'elle venait de faire pour moi. À l'évidence, elle avait prévu ma venue.

— Merci, fis-je en m'inclinant à la manière japonaise devant elle. Vous connaissez mon nom, mais je ne connais pas le vôtre... ?

J'admirai ses yeux cristallins dans lesquels je croyais voir toute la vieillesse du monde, enfermée dans un visage enfantin. Cette Guide était surprenante.

Après s’être habillée, m’avoir remercié d’une courbette japonaise, elle me demanda mon nom. Je ne dis rien pendant quelques minutes, ce silence ne comportant aucune tension, juste une observation de la femme se présentant devant moi. Elle était bien jolie, il n’y avait pas que sa forme de rapace qui était magnifique, même sa forme humaine. J’admirais avec une pointe de regrets les muscles de ses bras et de ses jambes. Elle n’avait pas du tout l’air malade, au contraire, on aurait dit qu’elle était en pleine forme…Mes yeux se replantèrent, impassibles dans ceux de mon interlocutrice. Ma voix restait tranquille, légèrement sereine.

-Mon nom n’a pas réellement d’importance dans la nouvelle mission que tu devras mener avec acharnement. Mais si cela peut t’aider, on me nomme Dream Maboroshi chère mademoiselle Kaede. Maintenant, suivez-moi, il n’est guère poli de laisser une invité dehors, et j’ai la nette impression que je devrais mettre à votre disposition de la nourriture dès que possible…

Ne me demandez pas comment je le sais, mais la pluie allait arriver, des nuages sombre à l’horizon, le vent était trop fort et désormais, j’étais certaine de retomber dans mon état déplorable le lendemain. De plus, je savais que quelque chose allait se préparer, mais cela, vous le saurez bien plus tard, cette menace ne peut être divulguée en cet instant. Malgré que je connaisse déjà la raison pour laquelle cette jeune femme venait dans ma maisonnée, mais je préférais l’entendre de sa bouche pour ainsi affirmer sa confiance envers moi.

M’avançant malgré le vent, j’ai serré le gilet sur mes épaules d’un air protecteur, et avançait à pas lents vers l’entrée du salon. Ce vent soufflait si fort qu’on aurait dit que j’allais m’envoler tellement ma silhouette fine et squelettique était ballotté par ce souffle marin. Les vagues mugissaient au loin, le chant des arbres se mêlant à la mélopée environnante. Je suis arrivée à l’intérieur, une fine bruine commençait à tomber. Deux hommes au sourire angélique fermèrent la lourde baie vitrée. Deux canapés en cuir se faisant face étaient séparés par une table basse noire en ébène. Des jacinthes et des tournesols trônaient dans un vase blanc. Une cheminée en granit d’un gris clair existait non loin, dévoilant sa masse malgré que cet objet ne serve à rien dans cette partie du monde. Comme si elle avait vu le futur, une bonne femme apporta un panier avec diverses framboises ou fraises comblées de myrtilles et de mures. Deux tasses de thé furent servies alors que j’invitais Kaede à s’installer sur le canapé en face de moi.

Même si la température ambiante était plus que bonne, j’avais froid, et je présageais déjà un début de rhume au minimum. Je pris un châle d’un blanc pur, et le mit sur mes épaules. D’une main experte, j’ai servi du thé dans les deux tasses avant de la porter à mes lèvres puis de tremper un biscuit en supplément qu’avait apporté un serveur. On nous laissa seules. Une trentaine de minutes passèrent, le bruit des marches touristiques venant du rez-de-chaussée se faisait à bruits sourd. Aucune de nous deux ne prit la parole. Elle n’était peut-être pas encline à me donner sa confiance ? Non…ce n’était pas ça. En réalité, la chef des Métamorphes ne voyait pas l’utilité d’expliquer ses agissements et ses buts à une personne qui connaît déjà ceux-ci, surtout à un guide. Posant la tasse de thé sur la table sans bruit. J’ai posé ma question, d’un air calme et posé, avec un sourire énigmatique, mes yeux bleus cristal se fondant dans ceux d’un noir de jais de Kaede.

-Alors, que vous amène-t-il dans ma demeure ? Pourquoi cette visite surprise, mademoiselle Kaede ?

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— Mon nom n’a pas réellement d’importance dans la nouvelle mission que tu devras mener avec acharnement. Mais si cela peut t’aider, on me nomme Dream Maboroshi, chère mademoiselle Kaede. Maintenant, suivez-moi, il n’est guère poli de laisser une invitée dehors, et j’ai la nette impression que je devrais mettre à votre disposition de la nourriture dès que possible…

Hum, j'avais oublié un instant ce que l'on m'avait toujours appris : les Guides ne parlent que par énigmes. Comment pouvait-il en être autrement avec celle-ci, leur Chef ? Au moins, j'avais eu son nom —était-ce un progrès pour les Guides ?— ; peut-être leur Chef était-elle moins folle qu'elle n'en avait l'air. Car oui, elle avait l'air folle. Folle dans sa sérénité, son calme, son assurance, sa maîtrise d'elle-même, sa douceur. Son innocence.

Elle sembla prêter attention au ciel à l'instant même où je sentais que le temps changeait. Les Guides n'étaient sans doute pas si éloignés des Métamorphes que cela... Mon sixième sens animal me prédisait de la pluie alors même que le vent forcissait. Ma vue aiguisée de rapace vit parfaitement de sombres nuées s'amonceler à l'horizon et ébranler leur armée dans notre direction.

Elle tourna les talons et partit légèrement vers, certainement, la Maison des Guides. La région était connue pour ses pluies torrentielles, et je comprenais son empressement. Je la suivis sans hésiter. Elle marchait d'un bon pas, ce qui me surprit quelque peu étant donné son apparence maladive. Nous suivîmes un sentier bien tracé, net et agréable à fouler, bordé d'herbes parfumées, de lavandes et de romarin. De petits brins de thym fleurissaient à nos pieds et exhalaient un parfum auquel mon odorat d'animal succombait avec délices. Malgré le fait que l'aigle soit un carnivore, ma partie humaine le dominait en cet instant et j'éprouvai en frissonnant l'envie de goûter ces petites plantes. Je m'en retins et pressai le pas derrière... Dream. Quel prénom étrange... Mais je retins particulièrement son nom de famille : Maboroshi. C'était du Japonais ou je ne m'y connaissais pas ; Dream, maboroshi... tous synonymes dans des langues différentes : rêve. Ce n'était sûrement pas son nom véritable. Comme toujours, énigmatiques Guides...

Je me souvins du reste de sa phrase : «mon nom n’a pas réellement d’importance dans la nouvelle mission que tu devras mener avec acharnement.» Une mission ? De quoi parlait-elle ? Décidément folle. En tous cas, je n'avais aucune envie d'écoper d'un mission. Venger mon frère me suffisait largement question acharnement.

Nous arrivâmes devant la grande bâtisse. Nous entrâmes par la véranda, que deux hommes à l'air joyeux et innocent fermèrent après notre passage. Nous pénétrâmes dans un salon meublé de grands canapés en cuir et d'une table en marbre entre, sur laquelle une servante vint poser un panier de fruits rouges —à l'odeur délicieuse et fort appétissante— et un service à thé —lui m'intéressait moins que les framboises. Dream... m'invita à m'asseoir sur le canapé en face du sien et me servit une tasse de thé. Celui-ci sentait l'Orient et le vrai thé de qualité. Les réminiscences d'une enfance heureuse remontèrent dans ma mémoire et mouillèrent quelque peu mes yeux. J'empêchai les larmes de couler et baissai la tête pour cacher à Dream mes yeux rougis. Quand je fus sûre qu'ils étaient redevenus normaux, je la regardai à nouveau. Elle posait sur moi un regard glacial et je me rendis compte que la bruine frémissait déjà à l'extérieur. Je piochai une framboise, incapable d'y résister plus longtemps, et savourai sa chair juteuse à souhait.

— Alors, que vous amène-t-il dans ma demeure ? Pourquoi cette visite surprise, mademoiselle Kaede ?

Je fus surprise par cette question d'apparence banale et... totalement inintéressante. J'y répondis par une autre question :

— Pourquoi les touristes viennent-ils en Corse ? dis-je avec une ferme douceur. J'ai trouvé plus agréable et moins onéreux de survoler la région sous ma forme d'aigle qu'en bus ou en hélicoptère. Je suis juste ici en vacances et j'ai senti par hasard des Guides... Je suis descendue.

«Et je n'aurais pas dû : aujourd'hui, je suis en vacances» pensai-je. Qu'elle ne me colle pas sa "mission" sur le dos.